Suite à la remarque du Goupil dans "point photo" je lance ce nouveau débat ici.
Il y a déjà quelque temps nous discutions de la relatvie rareté de l'épée : souvent citée comme arme de noble, souvent (systématiquement ?) écartée du kit du soldat "pauvre" dans les troupes de reconstitution, j'aimerais faire un point sur sa valeur réelle au XIIIe.
De même que celle du haubert, ou du moins de la protection de mailles.
J'ai déjà lu dans le Contamine entr'autrers, mais également dans divers ouvrages de Gaier qu'on peut trouver des épées valant 3 sous.
De même, j'ai été surpris par le coût relativement faible d'un équipement de mailles au XIIIe dans le Contamine. Exemple, un équipement constitué d'un haubert + gambeson + miton + bassinet : 1120 deniers, soit 93 jours de solde pour un soldat à pieds, ce qu'on appelle communément le "soldat pauvre", celui-là même qui gagne quand même 12 deniers par jour, excusez du peu.
Plusieurs points sont à soulever dans cette problématique : je m'étais déjà exprimé sur ce sujet sur le forum GMA, mais le "soldat pauvre" n'est pas, à mon avis, une réalité historique : un soldat gagne extrêmement bien sa vie comparé aux 90 % de gens qui composent le reste du monde médiéval (paysans, petits artisans, moines...) mais certes, il gagne moins bien sa vie que les 2-3 % de "grands" (seigneurs, abbés, évêques, chevaliers...) ; disons que toutes proportions gardées, on pourrait considérer un "soldat pauvre" comme à peu près l'équivalent d'un directeur régional d'une banque. Je n'aime pas ces comparaisons car elles sont forcément erronnées, mais c'est pour donner une échelle de grandeur.
De plus, le soldat est logé, peut-être même nourri par son seigneur, juridiquement couvert par ce dernier, et peut en outre s'arrondir les fins de calendes par les prises de guerre et pots de vins éventuels.
Bref, tout ceci pour dire qu'un soldat "pauvre" n'est pas forcément la réalité historique la plus juste qui soit.
Ensuite si on recoupe avec les sources visuelles (statues, enluminures, vitraux) : les armes d'hast et les gambesons apparaissent sous représentés par rapport à nos reconstitutions modernes. On représente plus souvent le soldat à pieds vêtu de mailles et armé d'une épée que vêtu d'un gambeson et armé d'une lance. Dans la bible en skis par exemple, je m'étais amusé à faire un comptage, et 50 % environ des soldats à pieds sont représentés en mailles. L'arme la plus représentée entre leurs mains est d'ailleurs l'épée.
Enfin les sources écrites telles que chroniques de batailles, comptes des arsenaux (étudiés en détails par Ranulf, je lui laisserai le soin d'étayer tout ceci plus en détails) ou comptes des dépenses de guerres des seigneurs laissent apparaitre que le haubert ou du moins la protection de mailles représenterait environ 50 % des protections de soldats à pieds.
Le récit de la campagne de Philippe IV en Flandres relaté par Guillaume Guiart ("La Branche des Royaux Lignages") mentionne des gambesons, mais apparemment pour les soldats de loin les plus pauvres (le contexte laisserait entendre qu'ils ne seraient pas majoritaires de l'armée) et l'arme la plus présente entre leurs mains est l'épée, puisque l'auteur précise qu'elle est entre quasiment toutes les mains. Il stipule également que les soldats redressent les lames après les combats, "réparent" les épées endommagées, les gardes etc... ce qui laisserait là aussi supposer qu'il s'agit d'armes de piètre qualité.
Voilà.
Le débat est lancé, que pensez-vous de ceci, disposez-vous de sources venant confirmer ou au contraire contester cette théorie ?