Yvan de Tergate a écrit: - Les règles d'engagement autorisent les coups de lance sous la ligne des épaules et donc sur les jambes, lesquelles ne sont pas protégées. Certaines personnes se sont donc plaintes d'avoir reçu des coups douloureux sur les jambes. Au sein du bureau nous envisageons d'imposer des protections de tibia pour palier à ce problème, mais votre avis nous intéresse.
Personnellement, je reste opposé à l'obligation de porter des protections à gogo. Deux exemples :
1) à Hastings, zéro blessé lors des deux big ones, et il n'y a aucune protection de jambes ni d'avant-bras qui soit obligatoire : tout le monde fait gaffe. Je persiste et signe, depuis 1990 où j'ai commencé le médiéval, j'en ai vécu, des mêlées, et les blessés nécessitant intervention (hôpital ou soins professionnels) ça a toujours été lorsque les combattants étaient les plus protégés : surprotection = on y va en confiance = on contrôle moins car on se dit que l'autre est protégé = gros bobo !
2) certes, je bosse en pro, certes je fais du combat chorégraphié, mais dans ma troupe, en 9 ans de combats intensifs, on a zéro blessés, et on fonctionne en haubert sans gambeson. Je connais plein de compagnies de pros qui bossent en XVe, surprotégés : en moyenne ils ont un blessé sérieux par an (blessé sérieux = os brisé, muscles déchirés, par exemple). CQFD.
Pour moi, c'est à chacun de décider le niveau de protection qu'il veut prendre, et à chacun de faire gaffe, de ne pas se reposer sur d'éventuelles protections qu'aurait le gars d'en face.
J'ajoute qu'en temps que sergent désigné pour les entrainements et la sécurité durant les engagements en 2010, j'ai constaté côté coalisé des combattants qui se sont très (trop) vite enflammés et qui cherchaient la touche à tout prix, et ce, dès les premiers entrainements entre nous le samedi. Je pense qu'il ne faut pas se surprotéger face à des combattants trop impulsifs, je pense qu'il faut calmer les impulsifs pour que chacun rentre en bonne santé !
- Les règles d'engagement interdisent tous les coups à la tête et les coups d'estoc à l'épée. Ainsi, les sergents maniant l'épée ne peuvent pratiquement utiliser aucun coup. Notamment, l'interdiction des brisés à la tête (autorisé semble-t-il dans d'autres rassemblements) est souvent regretté. Est-il possible d'élargir l'éventail des coups afin de permettre aux sergents de prendre plus de plaisir à combattre, tout en gardant une sécurité optimale.
Même avis que Bouchard : ça serait dangereux : on n'a pas de grands heaumes, le visage est trop exposé. Comment différencier un coup "normal" vertical d'un coup "foireux" qui au dernier moment deviendrait dangereux ?
- Un dernier élément souvent rapporté concerne à nouveau les sergents. Cela ne concerne pas directement les règles d'engagement mais plutôt le déroulement des combats. Beaucoup de sergents ont regretté de passer plus de temps à pousser sur les boucliers adverses qu'à réellement prendre part à des échanges.
C'est vrai. Mais la seule façon de prendre part aux échanges, c'est ce que je comprendrais par "escrémire un peu", me trompe-je ? C'est tout bêtement de faire un peu plus de duels, et pour ça il faut de la place ; ces mini duels intervenaient généralement à la fin de l'engagement, lorsqu'il y a plein de "morts" et qu'on a à nouveau les coudées franches.
Quant à autoriser des combattants qui se connaissent bien à pratiquer ensemble, pourquoi pas ? Mais alors il faudra bien les nommer et les présenter à tout le monde, officiellement avant les engagements, qu'on ne risque pas de venir les séparer parce que leur engagement est trop viril !
Je me souviens encore d'un petit excité saxon à Hastings 2000 qui a failli se faire expulser par un commando normand (dont j'étais) car jugé bien trop fou-dingue-dangereux (il cognait comme un sourd et n'avait aucune protection, j'ai bien dit aucune !) : en réalité il connaissait ses adversaires et avait mis une mini scène au point avec eux... N'étant pas au courant, on a bien failli le "sécher" sur place avant qu'il ne blesse quelqu'un. Ce cas de figure pourrait aussi se produire à Bouvines. A méditer !
Personnellement j'aurais aussi une autre proposition à soumettre : revoir un peu la notion de touche. Il y a un an, je me suis surpris à rigoler quand quelqu'un m'avait chatouillé le dos avec son épée, exactement comme sur la photo ci-dessous :
Uploaded with
ImageShack.usBen un coup comme ça, objectivement, à part avec un sabre laser, ça ne peut faire absolument aucun dégât à un type armuré : même avec un simple gambeson une épée, aussi aiguisée soit-elle, n'a aucune chance de cisailler la protection et d'arriver jusqu'à la chair !! Le coup n'est pas armé, il n'y a aucune ampleur, et on n'a même pas la marge de manoeuvre pour appuyer et mettre de la force ! C'est ce que j'appelle de la touchette, ou même un "coup débile" : deux gamins jouant dans une cour d'école, l'un des deux donne un coup de pied dans le tibias de l'autre et lui dit "t'es mort !"
Euh... non, juste un bobo !
Certains engagements sont hyper brefs car avec des touchettes de ce genre-là, on considère qu'on est "mort". On ne fait pas d'escrime civile non plus à Bouvines, hein, l'armure n'est quand même pas là pour décorer !
On se croirait dans le dernier Robin Hood : les flèches traversent tous les hauberts et le type qui se prend un coup de tranche dans le bide protégé par une armure est mort de la même façon que celui qui n'a aucune armure. Mais à quoi servent donc les armures ?