Des sources (textuelles, iconographiques ...) sur l'équipement des piétons et miliciens du début du XIIIème siècle
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RANULF
 
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Messagede RANULF » Dim Mar 08, 2009 10:13 am

Concernant la technique du coin ou du groin pour un groupe de fantassins je peux vous dire, pour l'avoir vécu à Hastings en 2000 que c'est redoutablement efficace...et impressionant.
La pression sur la pointe est effectivement énorme, les 3 hommes de pointe doivent être très solides. Pour vous donner une idée des efforts qui s'éxercent si l'attaque est dignement acceuillie, malgré mon quintal passé tout équipé j'ai fait plusieurs mètres pour ainsi dire sans toucher le sol, le plus stressant c'est que tu ne peux rien faire à part lever ton bouclier pour te protéger le haut du corps et la tête et tout faire pour rester vertical. Il faut dire que j'étais contre l'épaule de l'homme de pointe là où les efforts sont les plus importants. Pour réaliser cette manoeuvre il faut une parfaite cohésion des piétons, une marche en cadence puis une course en cadence, il faut retenir la troupe pour piquer le sprint au bon moment et arriver au contact à vitesse maximale sans avoir disloqué les rangs: lors du dernier Hastings la même manoeuvre a lamentablement échouée.
Mais croyez moi un coin réussi quand on est nombreux ça vous laisse des souvenirs !!!
Vivement qu'on refasse ça dans la plaine de Bouvines :hello:
Ranulf dit Jambe-gâtée

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RANULF
 
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Messagede RANULF » Dim Mar 08, 2009 10:20 am

Bonjour,

Ci-joint quelques informations sur la bataille de Steppes et les opérations qui l’ont précédée et suivie.
Le dimanche 13 octobre 1213 (tient tient ça ne vous rappelle rien…) cette bataille opposa les troupes de la cité épiscopale de Lièges à celles du duc de Brabant Henri Ier. Les similitudes avec Bouvines sont intéressantes et déjà relevées par certains chroniqueurs après Bouvines.
On y trouve à mon avis des données intéressantes sur les effectifs, la stratégie et les piétons.

Le texte qui suit est un résumé de l’excellent ouvrage de Claude Gaier : Grandes batailles de l’histoire Liégeoise au Moyen Age (Eugène Wahle éditeur Liège 1980). Désolé c’est un peu long et ça n’est qu’un résumé, mais je pense que l’essentiel y est.

« Début XIIIème l’état épiscopal Liégeois fait échec aux prétentions Lotharingiennes du Duc de Brabant.
En mai 1212, Henri Ier duc de Brabant, allié d’Othon IV l’excommunié, fond sur la principauté de Lièges et s’empare de la ville qui déborde largement de ses remparts obsolètes. La mise à sac dure 5 jours : rien ni personne n’est épargné.
Après avoir utilisé les foudres spirituelles, l’évêque Hugues de Pierrepont met alors la ville et les survivants en état de guerre. Une solide ceinture de remparts est construite. Ensuite, il s’occupe à lever une armée considérable composée de ses parents et alliés français et de ses vassaux (comtes de Looz, de Flandres, de Namur sans oublier des Lorrains…). On parlait alors de 2 à 3000 cavaliers sans compter la piétaille. Aujourd’hui, ce chiffre semble énorme surtout si l’on compare avec les effectifs de Bouvines. Mais n’oublions pas que l’évêque de Salisbury disait en parlant de son confrère de Lièges : « qu’il périsse celui qui a conféré une telle puissance à un prêtre ! ».
Mais cette armée n’a pas l’occasion de pénétrer en Brabant. Le duc préfère signer un traité de paix sous l’égide de son puissant voisin le comte de Flandres Ferrand de Portugal, prince puissant qui souhaite autant que possible éviter la guerre pour l’instant du fait de la situation tendue avec son suzerain, Philippe II.
L’année suivante Hughes de Pierrepont et le comte de Flandres décident de lancer une attaque sur le Brabant mais Ferrand trop pressé n’attend pas la date du 10 octobre. Il attaque donc seul et ravage tout jusqu’à Bruxelles. Mais Philippe II profitant de cette aubaine décide d’attaquer les villes de Flandres occidentales. Ferrand doit donc lâcher prise précipitamment.
Avant que le duc de Brabant ne ce ressaisisse, les flamands avaient quittés ses terres. C’est donc lui qui se rue à nouveau sur la principauté de Lièges. Ses troupes sont estimées de 3 à 400 cavaliers et de 3 à 4000 piétons, essentiellement issues des milices urbaines.
Sa progression est fulgurante. Seules quelques tours fortifiées lui résistent. Il ne perd pas de temps à les assiéger, 40 villages partent en fumée lors des 3 premiers jours de marche.
Il se heurte à la milice de la ville de Tongres qui lui livre bataille à terrain découvert !
Après une résistance opiniâtre les miliciens sont vaincus et la ville livrée au pillage et aux flammes. Les habitants les plus chanceux ont eu le temps de se réfugier dans la forteresse de Colmont ou dans les tours de la cathédrale. Henri de Brabant décide alors de lancer plusieurs assauts sans succès. Le détachement qu’il laisse sur place pour exterminer cet ultime nid de résistance, se retire sans plus de succès après avoir perdu 60 hommes en une journée.
Pendant ce temps, l’évêque mobilise et le duc de Brabant comprend que l’effet de surprise ne jouera pas cette fois. Le 12 octobre, la jonction des troupes de Lièges s’opère. chacun attendait d’être certain que ses terres ne seraient pas visées avant d’envoyer son contingent sur un théâtre d’opération extérieur… Les milices de Lièges, Huy, Dinant, des villes de Sambre sont réunies à Lièges avec la chevalerie disponible. Seule une trentaine de chevaliers sont présents ! Les autres combattent au côté de Ferrand ou restent sur leurs terres durement touchées et enfin certains ont promis leur neutralité au duc de Brabant. Heureusement le comte de Looz, Louis II, allié de l’évêque, regroupe ses miliciens et chevaliers qui ne sont pas requis à la protection des frontières du comté. Henri de Limbourg, oncle du duc de Brabant, vient le renforcer avec sa propre chevalerie.
Devant cette coalition le duc de Brabant bat en retraite le 12, non sans tout détruire sur son passage.
A l’aube, les troupes du comte de Looz et de l’évêque de Lièges font leur jonction au lieu-dit la « Wardes de Steppes ». Un défit est porté au duc de Brabant qui l’accepte : il y aura donc bataille. Il faut dire qu’il n’a guère le choix, l’adversaire est à moins d’une heure de cheval.
Le duc de Brabant arrivé le premier dans la plaine vallonnée place son armée dos au soleil sur une éminence, la disposition précise de ses troupes nous est inconnue. D’après Claude Gaier, il était d’usage de placer les piétons derrière les cavaliers. La cavalerie était placée en « haies » : de minces cordons de 2 ou 3 cavaliers de profondeur, le tout fractionné généralement en trois que l’on appelait bataille. Henri de Brabant assure le commandement, mais par mesure de précaution (il connait la haine que lui porte l’adversaire) fait porter ses couleurs au chevalier Henri de Huldenberg.
En face : l’armée de Hughes de Pierrepont, 3 à 4000 piétons de la principauté de Lièges et du comté de Looz, ainsi que la cavalerie de la principauté, du comte de Limbourg et du comte de Looz (Louis II fournit le plus gros contingent 300 cavaliers selon les estimations, les autres regroupent une centaine de cavaliers). Les forces en présence semblent avoir été équivalentes.
Le 23 octobre 1213 est un dimanche couvert.
Hughes de Pierrepont dit une messe et bénit ses troupes sous les sarcasmes de l’adversaire.
Thierry de Walcourt commandant de l’infanterie place ses troupes derrière les cavaliers et leur donne l’ordre de former un mur de piques immobiles, pour empêcher la cavalerie de tourner bride (perso j’ai un doute, n’était-ce pas plutôt pour galvaniser les fantassins ?).
Les fantassins du comté de Looz sont à droite, les plus nombreux ceux de Lièges et de Huy au centre, ceux de Dinant et du sud du pays à gauche. La cavalerie est placée en 3 batailles, celle de droite, qui au Moyen Age attaque traditionnellement la première, est la plus puissante. Le comte de Looz la commande, à la tête de sa cavalerie avec le duc de Limbourg. Au centre la maigre cavalerie de la principauté et à gauche probablement un maigre contingent de cavaliers de Sambre-et-Meuse.
Pour le duc de Brabant Louis II est l’homme à abattre et sa tête est mise à prix. Cinq chevaliers ont ordre de mettre pied à terre durant la mêlée et de s’en approcher pour le tuer.
Vers 9h00 du matin la cavalerie Brabançonne charge. Au son de leurs cris de guerre « Loon-Loon- Loon » les hommes du comte de Looz s’élancent à leur tour. La mêlée est terrible, les troupes de Louis II enfoncent les rangs Brabançons mais par trois fois le comte est désarçonné, notamment à cause des cinq chevaliers mandatés pour l’assassiner qui tranchent les jarrets de son cheval. Ses hommes, et en particulier son frère le prévôt d’Utrecht, volent à son secours, le dégagent et le remettent en selle. Ensemble ils attaquent à nouveau et tuent l’infortuné Henri de Huldenberg pensant supprimer le duc de Brabant du fait des couleurs qu’il porte : l’honneur de porter les couleurs de son maître se paie parfois fort cher...
Mais Louis II manque d’être tué par un fantassin Liégeois qui ne l’a pas reconnu, et veut le terrasser à la hache : le malheureux parvient à hurler son nom juste à temps !
Ce genre de faits semble avoir été très fréquent ce jour là car les Lossains parlaient la même langue que les Brabançons. Il faut dire que les piétons semblaient peu au courant de la science de l’héraldique. Les fantassins Lossains commirent aussi quelques méprises…
Subitement le reste de la cavalerie Liégeoise vient renforcer son aile droite et l’ensemble des fantassins Liégeois lui emboite le pas ! La cavalerie de l’aile gauche commandée par Thierry de Rochefort charge à son tour et enfonce les troupes qui lui font face. Seuls les piétons du pays de Looz ne bougent pas : le duc de Limbourg vient de leur annoncer la mort de leur comte, Louis II, et celle de l’Evêque de Lièges. (le duc de Limbourg était semble-t-il un opportuniste, l’année suivante à Bouvines il sera au côté de Othon IV son parent… et désertera à nouveau le champ de bataille ce jour là…). Les fantassins Lossains opèrent une légère retraite mais restent en vue du théâtre d’opérations.
Mais cela est sans conséquence sur le cours de la bataille. L’assaut général de la coalition Liégeoise écrase l’armée du duc de Brabant : c’est un massacre. Les fuyards sont piétinés par la cavalerie, les fantassins qui suivent achèvent les blessés, point de rançons. Le sac de Lièges et son cortège d’horreurs est dans toutes les têtes des combattants vainqueurs.
Henri de Brabant s’enferme dans Tirlemont avant de se réfugier à Louvain pour échapper au massacre. Le vainqueur pourchasse l’armée adversaire sur 6 ou 7km sans même prendre le temps de piller… Il est 12h00 : la victoire est totale. Les piétons Lossains comprenant qu’ils ont été bernés repartent vers le champ de bataille et pillent campements et cadavres qui sont aussi mutilés : 2500 à 3000 morts pour 3 heures de bataille. Le jour même Hughes de Pierrepont marche sur Hannut qui est pillée et brûlée, la tour locale est contrainte à la reddition mais la garnison Brabançonne est épargnée en contrepartie de sa neutralité dans le conflit. Il veut marcher vers Louvain mais le comte de Looz souhaite d’abord détruire la petite ville de Léau, place commerciale et stratégique aux frontières de son état. L’évêque ne pouvant rien refuser à son obligé, l’aide à s’emparer de Léau. Le 14 octobre, la ville est incendiée. Les milices de St- Trond quittent leur ville pour se joindre au pillage de leur rivale. La victoire a attiré de nombreuses troupes, la reprise de l’offensive sur Louvain est prévue le 15 octobre. Mais l’offensive est stoppée suite à la disparition d’un convoi de vivres parti de Huy et intercepté par la garnison de Hannut. L’approvisionnement d’une telle armée est vital. Les troupes Liégeoises font donc demi-tour et marchent sur la tour d’Hannut, qui est assiégée avec des machines de guerre. Ce parjure et cette trahison n’inspirant pas la pitié, la tour est prise de force et rasée. L’armée Liégeoise se détourne alors de son objectif et se lance dans une campagne de pillage des villages Brabançons : en 10 jours 32 villages partent en flammes.
Henri de Brabant négocie avec Ferrand de Portugal et Hughes de Pierrepont : il achète la trêve à prix d’or.
En rentrant à Lièges on a reproché sa clémence à l’évêque.
L’attitude des piétons a marqué les esprits de l’époque : ils n’ont pas attendu d’être chargés par la cavalerie, ils ont attaqué et ils ont activement aidé à la victoire. Même si cette victoire aurait été impossible sans la cavalerie de Louis II.
Même les contemporains feront des comparaisons entre Steppes et Bouvines. Bien qu’à Bouvines au contraire de Steppes on retrouve des mercenaires Brabançons dans le camp des coalisés : ramassis de redoutables soudards pas toujours d’origine Brabançonne payés par Othon IV.
La façon de ranger les troupes à Steppes et à Bouvines sont identiques : procédé à priori hérité des Grecs et des Byzantins et non en l’honneur de la Ste Trinité comme le diront certains chroniqueurs.
Claude Gaier estime qu’à Bouvines il y avait 2 fois plus de combattants qu’à Steppes. »
J’arrêterai là le résumé, vous connaissez tous le descrïptif de Bouvines !

Bonne journée
Ranulf dit Jambe-gâtée

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Messagede laure de tolosa » Lun Mar 09, 2009 11:36 pm

Beneoit a dit : Votre histoire de coin me fait pas mal penser au groin (çà ressemble à coin, j'ai peut être mal entendu sous mon casque) qu'expérimentent les Fratres (il nous on montré çà en février), sorte de triangle à la pointe écrasée. Je pense que Laure doit avoir des éléments la dessus.


Merci de citer notre petit travail Beneoit, c'est toujours agréable et très motivant, surtout qu'à l'époque, on était un peu seuls à tester ce genre de carabistouilles (pour le début XIIIe bien sûr) :lol:

Le terme exact, dans les sources antiques est "coin". On le retrouve cité à plusieurs reprises dans des textes médiévaux.
Le terme de groin est souvent utilisé par les troupes sans réelle légitimité (quelques occurrences textuelles mais je pense qu'il s'agit d'une erreur de transcrïption).
On bosse effectivement depuis bientôt 24 mois sur un ensemble de "manoeuvres" à la lance, décrites ou simplement évoquées dans les sources écrites (narratives ou autres) pour le début du XIIIe siècle.
Pour les copains qui étaient présents à Grandchamps, la "tierce" en est une (je mets entre parenthèses car le terme est de "moi", utilisé par commodité), mais aussi:
- manoeuvres destinées à ouvrir la ligne à un ou plusieurs cavaliers et à partir de ce module, se reformer ou éclater en une position différente
- manoeuvres destinées à soutenir le choc ou à percer dans le cadre d'une "charge" frontale
- manoeuvres de contournement
- manoeuvres employant la ruse (contournement partiel des lignes etc.)
- manoeuvres "ripostes" à ces différentes formations etc.

On en a montré un éventail réduit dans les Yvelines et ça vaut ce que ça vaut bien évidemment (on débutait dans les recherches) mais ça se précise doucement à force de boulot [img]smile/hapface01.gif[/img]
C'est notre dada, un peu la marque de fabrique du groupe. ça veut pas dire qu'on le fait bien, mais on essaie d'innover avec une bonne démarche, pas se retrancher dans la copie et la reproduction de choses plus ou moins bien observées chez d'autres. Forcément, dans ces conditions, on est sûr de rien mais le coeur y est !
On va essayer de bien escorter le roi sur le champ de bataille :roi:

Concernant la tenue de la lance à la "hoplite" que tu présentes Rodoric, je suis (à ma petite échelle) tout à fait d'accord avec la réalité historique du geste, mais la vraie question, selon moi, a trait:
- à la typologie du fer de lance qui semble déterminer le mouvement lui-même
- au contexte d'utilisation: une lance n'est pas tenue de la même façon en combat individuel ou en ligne (une vraie ligne, pas comme sur l'enluminure présentée où deux gars sont côte à côte).
Je doute honnêtement que cette position soit la bonne dans ce cas. J'en suis même persuadée.

Voili voilou

bises à tous
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Messagede Beneoit » Mar Mar 10, 2009 9:26 am

A Hastings, vous étiez en position serrée, pour que le coin tienne sous la pression. Le maniement de la lance (lance basse, c'était la règle il me semble) était t-il possible ? (J'imagine qu'à la pointe on pouvait difficilement manœuvrer son arme)

On a bossé sur plusieurs types de formations la dernière fois à Ligerville, et il nous était apparu qu'il était difficile de manier la lance lorsqu'on est 1ère ligne d'une position serrée (en lance haute çà aurait été possible mais c'est parfaitement incontrôlable donc proscrit). La ligne de devant avait un rôle assez passif, celui de tenir le bouclier et de pointer la lance, poussé par ceux de derrière. Seuls ceux de derrière pouvaient utiliser leur arme (lance à deux mains notamment, ce qui est possible de manière sécurisée même si les possibilités restent limitées vu qu'on a pas le droit de viser au dessus de la poitrine).

Nous avions donc conclu à deux variantes :

-une serrée, avec une liberté de mouvement limitée pour manier son arme, surtout intéressante pour mettre la pression sur la ligne adverse, à la manière des phalanges antiques.
-une un peu plus lâche utilisée une fois que la ligne adverse a cédé : elle offre moins de cohésion mais permets de manier plus aisément son arme.

En position serrée, la lance sur le bouclier en 1ère ligne semble efficace, trop justement, et c'est impossible à sécuriser.

Quel est votre sentiment la dessus ?

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Messagede Beneoit » Mar Mar 10, 2009 9:27 am

Merci à Ranulf et à Laure pour ces infos intéressantes! [img]images/icones/icon7.gif[/img]

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Messagede RANULF » Mar Mar 10, 2009 4:20 pm

A Hastings nous étions épaule contre épaule, les boucliers étaient placés comme les tuiles d'un toit. Ce qui était recherché dans la manoeuvre c'était la puissance d'impact: au moment du choc le groupe courait vite, les combattants n'avaient pas de lances mais des épées qui étaient plaquées à l'intérieur des boucliers: objectivement cet essai ne me semble pas réalisable avec des lances (les risques seraient énormes, de plus je pense qu'une lance serait trop encombrante). Après avoir enfoncé les lignes saxonnes l'unité s'est séparée en deux et à ouvert une large brêche, à ce moment nous pouvions à nouveau utiliser nos armes, les cavaliers se sont aussitôt engouffrés pour exécuter une manoeuvre d'encerclement.
Reste à voir si ça colle avec le travail de Laure et de son groupe qui ont l'air... si j'ose dire... en pointe sur le sujet
:top:
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Messagede Berhthramm » Lun Juin 08, 2009 4:44 pm

laure de tolosa a dit :

Merci de citer notre petit travail Beneoit, c'est toujours agréable et très motivant, surtout qu'à l'époque, on était un peu seuls à tester ce genre de carabistouilles (pour le début XIIIe bien sûr) :lol:

Le terme exact, dans les sources antiques est "coin". On le retrouve cité à plusieurs reprises dans des textes médiévaux.
Le terme de groin est souvent utilisé par les troupes sans réelle légitimité (quelques occurrences textuelles mais je pense qu'il s'agit d'une erreur de transcrïption).


J'aime assez le "troupes sans reelle légitimité" ;)

Pour le "groin" si je reprend le versant scandinave de l'affaire, les avis sont partagés, je vais essayé de retrouvé le terme exacte en norrois pour cette formation (edit : retrouvé, il s'agit de svinfylka), son origine est selon certains un don direct d'Odin, selon d'autres (plus pragmatiques dirons nous) il s'agit d'une adaptation d'une formation romaine observées par les germains, formation qui selon ce que j'en sais est décrite comme "porcinum capet" (tête de porc)...
Pour son utilisation elle necessite effectivement une bonne coordination pour la formation, formée trop tôt (ou trop lentement) ou formée trop tard c'est un passeport pour une mémorable raclée... Le tout étant ensuite d'être capable d'exploiter l'opportunité donnée par une éventuelle percée.

Et on ne mets effectivement pas de lanciers en pointe...

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Hartmod
 
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Messagede Hartmod » Lun Juin 29, 2009 7:28 pm

Concernant le coin, il existe aussi un contre qui est lui aussi sourcé. Gaëtan/Geta des Herculiani/PEAMHE/et d'autre troupes m'a parlé d'un texte byzantin qui explique que fasse à un groin il faut ouvrir sa ligne et laisser passer. C'est une seconde ligne, quelques mètre en retrait qui s'occuperont d'eux, ainsi que ceux de la première ligne qui les reprendront dans le dos.
C'est que Hag'Dik mets en place sous le commandement du sergent Berhthramm :)

En position serrée, la lance sur le bouclier en 1ère ligne semble efficace, trop justement, et c'est impossible à sécuriser
.
Lors que l'on fait un coin, ou une charge et que les combats seront à distance très courte la lance est effectivement ingérable. Par contre les arme courte (épée), ou très courte (couteau, petite hache) devienne redoutable pour passer entre les boucliers et charcuter ce qui se trouve derrière. Les lanciers doivent donc avoir une arme courte en réserve pour attaque ou se défendre au corps à corps. L'arme courte peut-être la ceinture ou mieux déjà préparé dans l'intérieur du boucliers ou pour les lanciers deux mains dans la mains en retrait (c'est que ce que je fais). Par contre je ne dispose pas de source sur ces optimisations de l'arme courte, je constate juste que c'est plus efficace dans nos mêlées.

Pour l'utilisation de lance, chef nous et Hag'Dik nous la gardons calé sous le bras et évitons de la tenir au dessus de l'épaule pour des raisons de précisions et de sécurité. Certains allemands XIème le font mais ils maitrisent bien leurs pointes.
Je sais aussi, Rodoric, que vous le faites en antiquité tardive, mais vos lances ont des pointes en mousse façon GN, et donc il n'y a pas de danger à viser le visage, c'est même surement plus amusant et histo dans le maniement :)

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Messagede Berhthramm » Mar Juin 30, 2009 9:31 pm

Mouarf... si tu trahis trop de secret je te raconterais plus rien...

;)

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Messagede Hartmod » Mer Juil 01, 2009 3:07 pm

C'est pour la bonne cause de reconstitution de qualité. Mais je n'ai pas tout dit non plus :)
Faudra aussi que je te cause de nouvelle idée que notre sergent ne veut pas appliquer car nous sommes trop peu nombre, mais à Hag'Dik ou Bouvines cela pourrait se faire.

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Messagede laure de tolosa » Ven Aoû 07, 2009 12:12 pm

Berhthramm a dit : J'aime assez le "troupes sans reelle légitimité" ;)


Ah non, tu as lu de travers :lol: !
Faut dire que sans ponctuation, ma phrase a effectivement une construction m****.

C'est évidemment [g]l'emploi du terme[/b] par des troupes XIIe-XIIIe qui est sans réelle légitimité. Autrement dit, on l'emploie souvent par mimétisme (influence des troupes XIe, justement) sans chercher à en vérifier l’exactitude pour nos périodes.
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Messagede Berhthramm » Dim Aoû 16, 2009 9:29 pm

:)

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Re: Tactique des piétons

Messagede RANULF » Sam Jan 15, 2011 5:43 pm

Ci-joint quelques lignes sur la stratégie, je me demande s'il ne faudrait pas ouvrir un topic spécifique sur le sujet car cela concerne autant les piétons que les cavaliers ?
Je pense que ces quelques exemples démontrent à ceux qui en douteraient encore (si si, on en a entendu lors du dernier Ligerville) qu'au début du XIIIème (et même avant) les armées savent déjà faire preuve de discipline
En 1260 Alphonse X, dit Le Savant, est roi de Castille. Nous lui devons de précieux écrits dont « las siete Partidas ». Au titre XXIII de la seconde partie, il y formule les origines et les principes militaires de son infanterie en nous précisant bien que ça n’est pas nouveau et que ses ancêtres pratiquaient de même. C’est ainsi qu’il nous décrit sept formations militaires de base (dont nous pourrons reparler si ça vous dit). Il est intéressant de voir que nombres de ces formations sont utilisées dans de nombreuses batailles des XIIème et XIIIème siècles, y compris hors d’Espagne.
Alphonse de Castille précise aussi qu’un ordre ne se discute pas : il s’applique, sous peine de sanctions proportionnelles aux conséquences de l’insubordination…
Alors certains pourraient être tentés de se dire : « oui mais Alphonse est un érudit qui a lu Végèce en long et en travers, tout ça n’est que théorie ». Eh bien laissons la parole à Jacques d’Aragon en 1229 à Majorque : « cette compagnie est perdue parce qu’elle avance en désordre. Toute compagnie qui flotte, étant en bataille, doit bien se garder de s’engager. Si elle s’engage dans ces conditions elle est vaincue d’avance ».
Mais on sait que la recherche de gloire personnelle pousse parfois les hommes au-delà du raisonnable : à la désobéissance. Ainsi, il arrive que la charge soit lancée trop tôt par des chevaliers soucieux d’avoir l’honneur de porter le premier coup, honneur convoité et parfois réclamé… Si la vaillance individuelle exercée dans l’intérêt du groupe est exaltée, elle est aussi décriée (souvent plus timidement) lorsqu’elle lui nuit. Les Templiers, qui passent pour être les meilleurs combattants de cette époque (courage, cohésion et discipline) sont, sur ce point, exemplaires. Dans leur règlement la couardise tout comme l’excès de prouesse sont punis avec sévérité. Un frère qui abandonne le champ de bataille pour sauver sa vie est définitivement exclu de l’ordre tandis que celui qui charge ou sort des rangs est temporairement exclu, cette dernière faute est considérée comme particulièrement grave pour les « gonfanoniers » qui sont mis aux fers et perdent leur fonction dans ce cas. Si un frère templier voit un autre chrétien en danger de mort, il a le droit de quitter les rangs pour le secourir mais doit reprendre sa place au plus vite. Ce qui est une dérogation dans la règle du temple est considéré comme un devoir pour les chevaliers vis-à-vis de leurs semblables. En 1191 à la bataille d’Arsour, il est vivement reproché au comte de Dreux de ne pas assister des chevaliers en difficulté. En 1214 à Bouvines le comte de St Pol s’engage en pleine mêlée pour secourir un de ses hommes tandis que Thomas de st Valéry et sa troupe sauvent Des Barres qui est désarçonné. Les règles sont parfois durcies dans des conditions extrêmes comme lors de la campagne de Bosra en 1146. D’après Guillaume de Tyr, lors de cette campagne, il est prescrit de massacrer tout homme qui quitte les rangs sans autorisation. Ce fait ne doit pas masquer l’extrême organisation qui a permis d’éviter la déroute totale aux troupes de Baudouin III. La route entre Bosra et Jérusalem est longue et traverse des zones. désertiques. Dès le départ les croisés sont harcelés par les troupes de Moydir-Eddin. Les fantassins forment un véritable mur humain autour des cavaliers et des bagages, quand un fantassin tombe de fatigue un cavalier lui prête son cheval le temps de se remettre. A Adras, les troupes de Baudouin constatent la destruction des complexes installations de collecte de l’eau. Après 4 jours d’efforts inutiles pour les remettre en état les troupes reprennent la route. En arrivant devant Bosra, ils constatent avec effarement que la ville se trouve en état de défense : elle ne veut plus se rendre ! Toujours harcelés, les croisés rebroussent chemins. Ils sont attaqués en permanence, les broussailles sont incendiées, mais rien n’y fait, ils restent groupés. Les morts sont cachés dans les chariots, les blessés sont attachés sur les chevaux, l’épée nue à la main afin de passer pour des cavaliers prêts au combat. Soumise à la chaleur, aux incendies, au rationnement de l’eau aux escarmouches et assauts permanents, l’armée avance en bon ordre n’abandonnant rien ni personne en route. Une progression en aussi bon ordre laisse supposer des cadences de marches pour garder la cohésion des rangs. En effet il n’y a pas d’autres solutions pour y parvenir avec autant d’hommes. Hors à la bataille d’Antioche en 1098, Guillaume de Tyr précise : « les douze divisions avançant au petit pas, gardant leurs rangs et observant soigneusement leurs intervalles, se mirent en marche… ».
Il n’est pas rare que les cavaliers mettent pied à terre s’ils manquent d’infanterie ou qu’ils veulent lui redonner du cœur à l’ouvrage à moins que les chefs ne veuillent obliger la cavalerie à combattre à outrance (pas ou moins de possibilités de fuite quand on est piéton…) : Hastings 1066, Dorylée 1098, Brémules 1119, Bourgthéroulde 1124, Lincoln 1141, Montbar 1172, Crécy 1346, Poitier 1356 (oups j’arrête je suis allé un peu loin). D’après Ordéric Vital, avant la bataille de Bourgthéroulde (1124), Amaury de Montfort met en garde le jeune Galéran de Meulan sur le fait que les chevaliers ennemis ont mis pied à terre et ont l’intention de se battre jusqu’au bout : « un chevalier qui se mue en piéton s’apprête à vaincre ou à mourir, et non pas à fuir ». Galéran charge en tête, son cheval est abattu par un carreau. Désarçonné, il est capturé comme 80 de ses camarades tandis que les autres prennent la fuite… La plupart du temps, la fuite des chevaliers livre les piétons à la déroute totale et à une mort quasi certaine. En 1141 à Lincoln, de nombreux chevaliers, et pas des moindres, cèdent à la panique et fuient la bataille. Le roi d’Angleterre Etienne ainsi que son adversaire Ranulf mettent pied à terre afin de rassurer le reste des troupes (surtout les piétons) et de montrer leur détermination…
D’après Richard de Devizes (1198, Grande Bretagne) cette faute peut être passible de la perte du baudrier : la perte de l’état de chevalier pour couardise, l’accusation la plus infâmante qui soit pour ces guerriers d’élite, leurs maisons et leurs descendances… D’après le même auteur, les fantassins qui fuient sans ordres sont passibles de l’amputation d’un pied. La désertion d’un porte-enseigne peut s’avérer tragique en faisant croire à toute l’armée que son chef est mort ou donne un ordre de retraite. Dans les deux cas, il est difficile d’éviter la panique et la défaite totale. Guillaume d’Essex, porte-bannière d’Henri II, paie fort cher une erreur d’appréciation lors d’une bataille au pays de Galles : croyant son maître mort, il abaisse sa bannière conformément à l’usage de l’époque et prend la fuite. Pour cet acte, il est accusé de trahison par Robert de Montfort. Défié en duel judiciaire, il est vaincu et condamné à mort. Henri II commue sa peine, il doit prendre l’habit de moine et tous ses biens lui sont confisqués…
Bibliographie :
« La tactique au XIIIème siècle » tome 1 et 2 par Henri Delpech édition Alphonse Picard 1886
« La Philippide » (l’épopée de Philippe Auguste) de Guillaume Le Breton éditions Paléo l’encyclopédie Médiévale 2004
« Richard Cœur de Lion – Le Roi-Chevalier » de Jean Flori éditions Biographie Payot 2007
« Essai sur l’armée royale au temps de Philippe Auguste » de Edouard Audouin éditions Edouard Champion 1913
« Philippe Auguste » de John Baldwin éditions Fayard 1998
« Philippe Auguste » dans la collection « Les Rois qui ont fait la France » de Georges Bordonove éditions Pygmalion Gérard Watelet 1986
« Grandes batailles de l’Histoire Liégeoise au Moyen Age » de Claude Gaier éditions Eugène Wahle 1980

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Yvan de Tergate
 
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Re: Tactique des piétons

Messagede Yvan de Tergate » Sam Jan 15, 2011 6:19 pm

Passionnant ! Très belle synthèse, bravo.

Je serais assez intéressé que tu développes l'histoire des 7 formations.
« Dieu aide ! »

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RANULF
 
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Re: Tactique des piétons

Messagede RANULF » Sam Jan 15, 2011 9:11 pm

Les 7 formations décrites par Alphonse sont :
La haie
Les troupes alignées sur un front reçoivent le nom de haz (acies, ligne de bataille). Cette tactique, comme bien d’autres, est héritée du Romain Végèce qui numérote les corps de troupes en commençant par la droite (on pratique de même aux XIIème et XIIIème siècles). Si dans l’antiquité c’est à l’aile droite que revient le rôle principal, il n’en est pas de même pour la période qui nous intéresse, où la stratégie est adaptée aux besoins. Cette manière de placer les troupes est surtout utilisée pour impressionner l’adversaire en lui donnant la sensation de supériorité numérique. Par contre, si la supériorité numérique est réelle, cela facilite l’encerclement. Autre avantage, les lignes se soutiennent mutuellement : si la première est enfoncée, la seconde peut l’assister. C’est ainsi que sont placées les troupes Liégeoises au début de la bataille de Steppes en 1213. Lors de cette bataille, tandis que les Brabançons chargent furieusement les milices Liégeoises, leur chef Thierry de Walcourt donne l’ordre à ses hommes de n’ouvrir les rangs sous aucun prétexte même pour laisser passer leur propre cavalerie ! Et ce, afin d’éviter que les Brabançons n’en profitent. Il semble que cette disposition soit la favorite des milices flamandes. Par contre, si elle permet d’offrir un front impressionnant et robuste, elle manque de mobilité et n’offre pas ou peu de passages aux cavaliers pour se replier (afin de se reposer entre deux charges) ou venir soutenir les piétons. Lors de la bataille de Bouvines, le fait d’avoir des intervalles entre les unités aurait permis aux troupes Françaises de voler au secours de Philippe II qui a été désarçonné.
Par contre, ces passages doivent faire l’objet de toutes les attentions car ils sont aussi des points faibles… Les ailes, dont nous reparlerons, doivent probablement y être très vigilantes (j’avoue qu’à titre personnel cette histoire d’intervalle me chagrine, quand nous serons 500 ou 600 fantassins avec une trentaine de cavaliers pour reconstituer Bouvines il faudra faire un essai !!!). :roi:

Le cercle
Les troupes placées en cercle sont appelées Muela (la meule), Végèce l’appelle Orbis. Cette formation est utile lorsque l’on craint d’être attaqué de tous côtés. Cette tactique, appelée hérisson en France, inspire Renaud de Dammartin qui l’utilise lors de la bataille de Bouvines afin de protéger ses cavaliers entre deux charges.
En 1191 à Bombrac, cette technique est déjà utilisée. Au XIVème, on trouve encore des
exemples de ce type de formation. Le cercle présente l’avantage de ne pas offrir d’angle mort. De plus l’adversaire doit être en nombre suffisant pour maintenir une pression efficace afin d’empêcher toute sortie de la cavalerie qui s’y replie. Sans quoi les cavaliers réfugiés au centre du cercle choisissent le bon moment et le bon endroit pour faire leur sortie. Le but est de soutenir les piétons du cercle en attaquant les cavaliers adverses qui viennent d’échouer contre la formation de piquiers. Ils sont alors ralentis et font des cibles plus vulnérables aux armes de trait et à la cavalerie qui sort du cercle au grand galop. Parfois, ils chargent contre les piétons adverses s’ils exercent une pression trop forte sur le cercle. Si les cavaliers ennemis échouent à briser le cercle, on lance alors une attaque massive de piétons qui tentent d’ouvrir une brèche dans laquelle la cavalerie s’engouffre pour atteindre les cavaliers qui y sont réfugiés, cette manœuvre permet aussi de briser la cohésion des fantassins qui forment le cercle.
Lors de la bataille de Jaffa, Richard résiste durant des heures aux attaques de Salah ed Din, bien que lui et ses troupes soient surpris en plein sommeil… A tel point que les hommes ont à peine le temps de s’équiper et souvent que partiellement. Néanmoins, ils se forment en cercle en pleine urgence : cela signifie donc qu’ils connaissent la manœuvre à la perfection pour l’exécuter avec autant de célérité dans de telles conditions. A priori, ces fantassins présents à Jaffa comportent une forte proportion de Gênois et de Pisans, ce qui n’est pas sensé faciliter les choses (langues différentes Italien / Anglais)…
Autre solution si le terrain le permet : on cache une partie de la cavalerie en réserve tandis que l’autre attaque le cercle avant de simuler une fuite. Au moment où la cavalerie du cercle s’éloigne de son abri, son adversaire de réserve vient lui couper l’accès à sa retraite et les fuyards font brusquement demi-tour (manœuvre de volte). Les piétons du cercle se retrouvent alors sans cavalerie de protection. Mais un cercle de piétons n’est pas pour autant facile à détruire. Ainsi le sire de St Valéry utilisera des piétons et des cavaliers pour détruire le hérisson de Dammartin au soir de la bataille de Bouvines. En 1124 le royaume de Jérusalem lutte pour sa survie. Tous les effectifs sont requis à la défense des frontières. La sécurité de Jérusalem repose uniquement sur sa milice bourgeoise. Depuis Ascalon, les Egyptiens lancent une opération éclaire avec une troupe de cavaliers sans fantassins mais leur ruse est éventée. A leur arrivée, ils trouvent la population mâle prête au combat sous les murs de la ville. Pendant 3 heures, les deux troupes restent en présence. La milice n’ose pas passer à l’offensive faute de cavaliers tandis que les Egyptiens n’osent pas attaquer cette troupe compacte, hérissée de pics et tentent vainement de l’intimider et de la provoquer pour briser sa cohésion. Lorsqu’ils se replient, les Egyptiens sont harcelés par les miliciens qui depuis les hauteurs abattent 42 hommes, 17 chevaux et au final font 4 prisonniers.

Le mur
Les troupes formées en carré sont appelées Muro (rempart). Cette formation est utilisée pour placer les bagages au centre de la troupe à l’approche de l’ennemi. D’après Alphonse, seule une partie des troupes assure cette fonction tandis que le reste s’avance « librement » pour combattre. Richard utilise ce type de formation pour protéger ses cavaliers lors de la bataille d’Arsouf, leur permettant d’être à l’abri et de pouvoir se reposer entre deux charges (à noter que ses troupes avancent ainsi entre Acre et Arsouf...) A priori cette technique est principalement utilisée en Espagne et en Palestine. Comme pour les tours, les angles sont une faiblesse…

Le coin
Les soldats sont placés en une seule masse dont la formation est aigüe du côté de la tête et large du côté de la queue. Cette formation est utilisée contre un adversaire en rangs serrés et nombreux, mais laissons parler Alphonse : « car par cette manœuvre un petit nombre d’hommes peut triompher d’un grand nombre. Pour composer le coin, il faut procéder de la manière suivante : on place au premier rang trois combattants ; derrière eux, six ; à la suite 12 ; puis 24 ; et en doublant ainsi on accroît la formation suivant l’importance de la compagnie. Mais si l’on a qu’un faible effectif, on peut placer en tête un seul homme ; on le double avec 2 seulement ; le rang suivant est de 4… ». Si le coin fonctionne, les troupes perforées refluent en désordre vers leur cavalerie et gênent, pour ne pas dire empêchent son action. C’est vraisemblablement ce qui arrive à Philippe II et à la cavalerie de son unité lors de l’assaut des fantassins Flamands à Bouvines. L’infanterie Brabançonne utilise aussi le coin en 1213 à la bataille de Steppe, mais sans succès.

La clôture
Les troupes formées en carré avec un vide au centre de la formation sont appelées Cerca ou Corral (clôture). Cette formation a pour objet de protéger la personne du Roi. Les hommes sont placés sur trois rangs successifs et attachés entre eux par le pied afin d’éviter toute tentative de fuite. En avant de cette formation est placée une palissade défendue par des pieux. Les hommes ont ordre de planter leur lance en terre dirigée vers l’ennemi. Des archers et des arbalétriers sont placés en arrière de cette formation. La « clôture » sert de point de ralliement en cas de coup dur pour le reste des troupes afin de mieux repartir à l’assaut. L’Emir Mehemet-el-Nazir utilise cette formation à la bataille de Las Navas de Tolosa. A priori l’utilisation de cette formation semble très rare.

Les ailes
On appelle Alas (les ailes) les troupes peu nombreuses qui protègent les flancs (surtout valable pour la formation en haie). En Espagne, on les nomme également Citaras ou Acitaras (les cloisons). Leur rôle est de combler les espaces si leurs corps d’armées viennent à trop s’écarter afin que l’adversaire ne s’y engouffre pas. Par contre si le front est resserré elles attaquent les flancs de l’adversaire.

L’attroupement
Les troupes sans formation régulière et effectifs fixes sont appelées Tropel (attroupement). Ces troupes sont utilisées pour rompre la ligne adverse, prendre l’adversaire à revers tandis qu’il attaque leur armée sur le flanc et envoyer des secours vers les lignes de bataille rompues.

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