Autre détail intéressant sur les arbalètriers lors de la bataille de Jaffa en 1192 :
D’après Richard de Devizes (moine contemporain des évènements), le Cœur de Lion dispose ses hommes en triangle, serrés les uns contre les autres pour ne pas offrir de passage à l’ennemi, tous à pied car ils n’ont plus de chevaux. En guise de protection une pièce de bois est placée devant chaque homme qui a l’ordre de ficher sa lance en terre face à l’ennemi. Les Sarrazins les trouvent ainsi, fermes, groupés et solidaires : les troupes de Richard savent qu’elles n’ont de salut que dans la victoire. Selon Ambroise (qui accompagne Richard à la croisade) le roi qui s’attend à une attaque imminente fait placer, caché sous les targes entre deux guerriers, un arbalétrier et un homme chargé de bander une autre arbalète tandis que son compagnon tire avec la première, cela aide grandement l’ost à résister.
Bien qu’un peu tardif (1262) et raconté plus tard l’exemple d’Hausbergen est intéressant. Lors de cet affrontement, les milices de la ville de Strasbourg écrasent la noblesse menée par l’évêque de la ville. Trois cents arbalétriers de Strasbourg massacrent les piétons de l’évêque avant qu’ils ne fassent leur jonction avec la cavalerie : fait intéressant 150 hommes rechargent les arbalètes tandis que 150 autres tirent. Quand la cavalerie attaque les miliciens, les ordres sont de viser les poitrails des chevaux. Après avoir démonté de nombreux cavaliers, les milices étendent leur front et encerclent les restes de l’armée de l’évêque.
Les stratégies de l'époque visent souvent à séparer les piétons des cavaliers ou à rompre la cohésion des piétons en les repoussant en masse vers leur propre cavalerie qui devient impropre à la manoeuvre.
Comme le disait Henri Delpech (fin du XIXème siècle) en parlant des armées des XIIème et XIIIème siècles : « la cavalerie est le levier de l’armée, l’infanterie son point d’appui ».